Patrimoine

Turckheim et son histoire

Un peu d'histoire

Une statuette de Mercure, des pièces de monnaie romaines, des poteries, des tombes avec vases funéraires témoignent de la présence romaine dès 27 av. JC sur les sites Thalweg et Hohmur.

 

En 896, un acte du Roi Zwentibold confirme l’existence de l’Abbaye de Munster qui possédait à Turckheim une cour colongère. C’est dans la charte de Wissembourg qu’est cité la première fois le lieu THORENCOHAIME.

L’histoire ne s’écrit qu’à partir du 14ème siècle, quand la cité relève également de la Maison d’Autriche, par le biais du fief du Hohlandsbourg.

La chronique des Dominicains rapporte qu’en juillet 1288 une tempête a emporté 400 toitures, ce qui prouve que l’agglomération était déjà importante.

En 1312, l’Empereur Henri VII élève le village au rang de ville d’Empire et accorde l’autorisation d’édifier une enceinte.

En 1354, Turckheim entre dans la ligue de la Décapole. Elle était ainsi administrée par un Landvogt, et placée sous la protection d’un comte palatin du Rhin.

La ville prospère grâce au commerce du vin et à l’autorisation de l’Empereur Maximilien d’un prélèvement de droit d’entrée. Quelques maisons Renaissance du 16e siècle témoignent encore aujourd’hui de cette prospérité.

La guerre de 30 ans (en 1618, Turckheim compte env. 1200 habitants) et l’arrivée des Suédois firent de terribles ravages, en 1648 la ville n’héberge plus que 18 familles.

A la fin de cette guerre, le Roi de France réunit le pays d’Alsace à la couronne, et Turckheim devient une ville française tout en se considérant encore comme liée à l’Empire. Cela mit à mal l’harmonie au sein de la Décapole.

Le 5 janvier 1675, le Maréchal Turenne gagne la bataille contre les Impériaux de Frédéric Guillaume électeur de Brandebourg, commandant de l’armée Austro-Brandebourgeoise. La ville connaît alors un nouvel essor économique grâce à la paix française et à l’arrivée de populations immigrées de Suisse et du Vorarlberg, et c’est en 1743, que la première papeterie se construit.

Vers 1830, après l’épopée Napoléonienne, le commerce se redresse ; une nouvelle église est construite en 1839, les quais de la Fecht sont endigués. Dans les anciens moulins sur le Muhlbach se développent les papeteries et l’ industrie textile.

La ligne de chemin de fer Colmar – Turckheim – Munster est inaugurée en 1868.

Les années d’annexion à l’Allemagne (1871 – 1918) donnèrent de l’impulsion à l’industrie , mais furent difficiles pour la viticulture à cause de la politique viticole de l’administration allemande et des maladies de la vigne.

Après les années sombres (1940 – 45), la ville a connu une véritable renaissance ; commerce, industrie et viticulture ont modelé un paysage unique et la qualité de vie de ses habitants.

Sources : Histoire d’une ancienne ville impériale. A. Billich

 

L'authentique veilleur de nuit

«Han sori zu Fir und Liacht»

(Prenez soin de l’âtre et de la chandelle)

Telle était la recommandation que le veilleur de nuit adressait à ses concitoyens lorsqu’il entamait son service. Elle est d’ailleurs la raison d’être de cet emploi municipal : éviter les incendies. Une chandelle non éteinte ou un foyer mal contrôlé pouvaient déclencher une catastrophe : les moyens de lutte dérisoires de l’époque permettaient difficilement de circonscrire un sinistre.

Au fil des ans, le veilleur sera aussi chargé d’annoncer les heures, d’assurer l’ordre dans les rues ; plus tard il sera aussi garde champêtre et fossoyeur.

Le veilleur de nuit est peu évoqué dans nos archives ; on y relève les nominations et quelques remontrances pour négligence dans le service. Les corporations payaient les veilleurs qui étaient deux en règle générale ; chaque famille versait le « Wachtgeld » chaque trimestre. Nous conservons encore les « Wachtgeldbücher ».

Lorsqu’en 1791 les corporations sont supprimées, le veilleur de nuit de Turckheim disparaîtra. Des rondes nocturnes seront organisées par les habitants. Le veilleur sera rétabli dans ses fonctions en 1795 et maintenu jusqu’en 1939 veille de la 2ème guerre mondiale.

Le dernier veilleur de nuit de Turckheim sera Mathias JAMM, qui prit la relève de son père Joseph JAMM (veilleur de 1873 à 1920) avec son frère Auguste, décédé lors des combats de la libération de la Poche de Colmar.

Les progrès des temps modernes, la généralisation des installations électriques notamment, signeront son arrêt de mort.

En 1953, la société d’histoire Wickram décide de remettre ce personnage à l’honneur, et c’est M.Joseph LIECHTY qui va assurer les rondes à partir du 1er Août 1953.

Depuis plus de 50 ans, du 1er mai au 31 octobre, le chant du veilleur résonne à nouveau dans les rues de la vieille Cité à l’occasion de la ronde de 22 heures. Outre M. Joseph LIECHTY (1953-1958), M. Joseph JAMM fils (1958-1968) et M. Charles MEYER (1968-1985) ont contribué au maintien de cette tradition pour la plus grande joie des habitants et des visiteurs.

Aujourd’hui, ils sont quatre à avoir pris la relève et à se relayer au cours de la saison touristique, tous les soirs de mars à octobre, à partir de 21h45 au Corps de Garde :

Jean-Luc KILLY
Marcel SATTLER
Louis MEYER
Jean LIHRMANN

INA - le dernier Veilleur de Nuit

Les trois portes

La Porte de Munster

Construite durant le XIVème siècle, la Porte de Munster marque avant tout l’histoire de la sorcellerie, puisque c’est par cette porte que les suppliciées rejoignait la Wann, où elles étaient exécutées.

Ses fenêtres décorées de coquilles St Jacques témoignent pourtant de fonctions moins meurtrières, laissant entendre une étape vers St Jacques de Compostelle. La Porte de Munster était également destinées à prévenir de l’orage, comme le montre la cloche sous son petit clocher toujours intact.

 

La Porte du Brand

Des trois Portes cernant Turckheim, la Porte du Brand avait la vocation la plus défensive. Une fonction qui a rejailli sur son architecture, massive et dénuée d’artifice, si ce n’est la « gorgone », sculpture destinée à éloigner les curieux ou à se moquer de l’ennemi.La Porte du Brand était dotée d’une herse, d’un pont-levis enjambant un fossé et de deux portes battantes que l’on gardait soigneusement fermées, sauf lors de la saison des vendanges. En 1843, la Porte du Brand connaît une réfection importante, où elle se voit surmontée de sa girouette, oeuvre de J.B. Hun. L’année 2006 fut l’occasion d’une nouvelle rénovation, intérieure et extérieure.

 

La Porte de France

A l’origine, la Porte de France était destinée aux échanges économiques de Turckheim, principalement vers la Suisse. Datant de 1330 pour sa partie basse, elle a connu quelques modifications au cours de l’Histoire.

Elle était munie d’un pont-levis, d’une herse et bien entendu de deux portes que l’on refermait la nuit et pendant la messe du dimanche.

La Porte de France a porté successivement les armoiries du St Empire Germanique et de Louis XIV et se voit dotée de tourelles en 1871, elles-mêmes enlevées en 1912

L'église Ste Anne

Dernier vestige de l’édifice roman. Il comprend 5 niveaux. La base est de 1190 et comprend la porte d’entrée romane avec la première travée de l’église qui sert actuellement de Chapelle Baptismale. Restaurée en 1983, elle abrite de nombreuses statues de différentes époques comme Sainte Anne, patronne de la Paroisse, Saint Urbain, patron de nos vignerons, le Christ Ressuscité, Saint Nicolas, Sainte Barbe, Sainte Marguerite, Sainte Richarde, Saint Arbogast, Saint Matern, un Calvaire, le tableau peint représentant Saint Jacques le pèlerin de Compostelle, est à présent visible dans la nef à gauche du choeur …

Le clocher abrite 4 cloches :

  • Sainte Anne : 1900 kg, Ré, 1958
  • Sainte Marie : 1330 kg, Mi, 1948
  • Sainte Odile : 975 kg, Fa, 1948
  • Saint Joseph : 450 hg, La, 1920
  • Un bourdon de 3,3 tonnes, nouvellement installé.
  • et l’ancien mécanisme de l’horloge : J. & A. Ungerer, 1907.

 

Chœur et Nef

Chœur et Nef ont été édifiés au 19ème siècle dans un style néoclassique en remplacement de l’ancienne église romane dont il ne subsiste que le clocher.

 

L’Orgue

L’orgue acheté comme bien national provient de l’ancienne abbaye cistercienne de Pairis. C’est un orgue SILBERMANN construit en 1755 ; lors de son transfert dans l’église de Turckheim CALLINET agrandit l’instrument par un nouveau clavier du récit .

A la suite de l’incendir de 1978 l’instrument est restauré par des apports du facteur d’orgues alsacien Alfred KERN (1983).

 

Les trésors de l’Église

  • Des tableaux sont signés pour la plupart de Michel OSTER (1849).
  • Des vitraux de Léon KEMPF d’après des dessins de Robert GALL. Les stations ont été sculptées par Valentin JAEG (1955).
  • Les statues de Saint Matern et Saint Arbogast, évêques de Strasbourg.
  • Une Pieta du 16ème siècle.

Le corps de garde

A l’origine «Laube» (halles), puis «Herrenstube» (hôtel de ville) , le bâtiment fut donné aux corporations en 1575, qui en firent leur poêle. L’histoire du Corps de Garde est mouvementée : il abritait une salle de réunion et le poêle, c’est à dire des ustensiles de cuisine , vaisselles etc. nécessaires à la vie de la corporation, ainsi que les objets pour les procession.

Puis on transformât le bâtiment en logement , puis en école des filles , le rez de chaussée fût même un étal de bouchers. C’est en 1970 que fut installé le poste de police Un aigle impérial orne le mur pignon , et le campanile abrite une cloche datant de 1658.

Devant le Corps de Garde se trouve la Fontaine , déjà citée dans le règlement municipal de 1667 : il était défendu d’y laver son linge et d’y abreuver les animaux. Cette fontaine «Stockbrunnen» est le seul point d’eau alimenté par une source.

L'hôtel de ville

Le bâtiment, de style du 17ème siècle, était autrefois le siège du prétoire de la justice de l’ancienne ville impériale.

L’étable et les attenants ont disparu vers 1860 ; la salle du rez de chassée a longtemps servi de salle de bal !

Lors de sa restauration deux murs gothiques et un mur roman ont été mis à jour.

L’ancienne rampe en fer forgé a été remplacée par une balustrade en grès de Rouffach.

Le blason

Les armes de Turckheim se blasonnent ainsi :

« D’argent à la porte de gueules, les pentures et l’annelet de sable. »

Renseignements :

Société d’Histoire et d’Archéologie Wickram
M. Benoît SCHLUSSEL – Président
25 rue du Conseil – 68230 TURCKHEIM

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